Saviez-vous que les éoliennes ont rapporté plusieurs milliards à l’État en 2022 ? Que la majorité d’entre elles ne contiennent pas de « terres rares » ? Qu’elles ne sont pas produites en Chine, mais massivement en Europe ? Qu’elles ne tuent pas les vaches, contrairement à certaines croyances trop répandues ? Les éoliennes ont mauvaise presse, mais les critiques sont-elles vraiment rationnelles ?

Souvent décriées pour leur impact supposé sur l’environnement, les éoliennes sont accusées de bien des maux. Elles causeraient des dommages irréversibles aux paysages ou mettraient en danger la faune rurale et sauvage (vaches, oiseaux, chauve-souris). On les accuse de dégrader les terres en les bétonnant, voire même d’encourager l’utilisation des énergies fossiles. Mais ces critiques ne sont-elles pas, en réalité, utilisées pour promouvoir un retour à l’énergie nucléaire, laquelle est considérée par les lobbyistes du secteur comme étant à faible émission de carbone ?

Passons au crible de données chiffrées la vaste entreprise de désinformation du lobbying anti-éolien, grâce au travail pédagogique de Cédric Philibert, chercheur associé à l’IRFI et ancien de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), auteur de l’ouvrage « Éoliennes, pourquoi tant de haine ? » (Éditions les petits matins). L’article qui suit est fondé sur le travail d’enquête de cet expert de l’énergie et du climat, ainsi que sur les études et analyses de Marc Jedliczka, Yves Jacquin Depeyre, Christian Gollier, Xavier de La Porte ou ceux d’Antoine de Ravignan, entre autres scientifiques et auteurs de renom sur le sujet. Vous y trouverez des extraits significatifs tirés du livre de Cédric Philibert, précisés par des informations extraites de résumés techniques et de rapports d’autres organismes, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO), Négawatt, le 6e rapport du Giec ou encore la Birdlife International.

Il ne s’agit donc pas d’un résumé. Nous avons élagué, parfois précisé les affirmations générales en conservant toutefois la hiérarchie des problématiques étudiées par l’auteur dans son livre. La synthèse obtenue ne saurait donner qu’un aperçu de la masse d’informations traitées par ce spécialiste des énergies renouvelables. Malgré cela, puisse cet exercice de style journalistique précis et factuel faire prendre conscience, à ceux qui en doutent encore, de l’absolue nécessité de l’éolien et du solaire pour mener à bien la transition énergétique. Le second objectif de cet article est de tenter d’apaiser les nombreuses tensions en terme d’acceptabilité sociale ; de couper court aux rumeurs et à la désinformation qui sont des freins majeurs auxquels se heurte le déploiement massif des énergies renouvelables.

  1. Derrière les critiques, une vaste galaxie pronucléaire
  2. Une coalition d’acteurs à la stratégie d’influence élaborée
  3. En route pour l’efficacité énergétique
  4. Comparaison des émissions de CO2 entre le nucléaire et l’éolien
  5. Produire moins pour chauffer plus
  6. Quid de l’avenir du nucléaire français ?
  7. Déjà 3 accidents nucléaires majeurs en quarante ans !
  8. Des changements de puissance progressifs et prévisibles
  9. Des éoliennes intermittentes ? Faux !
  10. Des réseaux d’énergie interconnectés
  11. Des matières polluantes non recyclables ?
  12. Les nombreux usages des terres rares
  13. Des terres « rares » qui ne le sont pas vraiment
  14. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose
  15. Projection d’ombre ou effet stroboscopique
  16. Des éoliennes « tueuses » de vaches ?
  17. La faune sauvage victime des éoliennes ?
  18. Conclusion : Déconstruire les contre-vérités propagées au sujet des éoliennes
  19. Annexe : enrichissons nos connaissances

Derrière les critiques, une vaste galaxie pronucléaire

La vaste entreprise de désinformation dont font l’objet les éoliennes (et les énergies renouvelables en général) émane en grande partie d’une coalition d’intérêts économiques ou politiques en faveur de l’industrie nucléaire. Or nous savons que le parc nucléaire français est désuet et que les nouveaux réacteurs promis par le président de la République Emmanuel Macron ne produiront rien avant 2035… Pire, tous les États européens engagés dans une démarche de transition énergétique s’accordent sur un point : la stratégie — égoïste — voulue par la France de promouvoir encore le nucléaire n’apportera pas un térawatt d’énergie de plus au mix électrique !

Pourtant, des intellectuels et personnalités médiatiques, le lobby nucléaire et l’extrême droite, alliés de circonstance, n’ont de cesse de déclarer la guerre à l’éolien, accusé de tous les maux. Parmi les figures historiques des mouvements antiéolien, mais aussi pronucléaire, on retrouve notamment Bernard Accoyer, Jean-Louis Butré [le président de la Fédération environnement durable (FED), la principale organisation antiéoliennes – ndla], Fabien Bouglé, Stéphane Bern, Denis de Kergorlay ou Xavier Moreno, deux autres pourfendeurs de l’éolien et défenseurs acharnés de l’atome.

Sur la toile, de très (trop) nombreux désinformateurs pro-nucléaire avancent à vents contraires. Ainsi, on retrouve un gesticulateur prolixe en matière de fake news, Michel Gay, anti-éolien et anti-photovoltaïque, membre de l’Association des « écologistes » pour le nucléaire (AEPN) et de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN). Sur de nombreux sites libéraux (Contrepoints, Le monde de l’énergie…), il se livre à une désinformation malsaine et néfaste. Son leitmotiv est simple : « l’éolien est une impasse désastreuse », ajoutant « au diable les énergies renouvelables ! » Michel Gay inversera-t-il le sens du courant ? Ses mensonges et ses à-peu-près grossiers alimentent malheureusement bon nombre de rumeurs qui mettent en péril le déploiement de l’éolien sur le territoire.

Le 15 décembre 2016 à Marseille, celui qui accuse régulièrement les écologistes anti-nucléaires de « terrorisme intellectuel » recevait le prix Yves Chelet décerné par la Société Française d’Energie Nucléaire. Ce prix récompense « l’auteur d’œuvres médiatiques objectives et pédagogiques pour la diffusion et la promotion des sciences et techniques nucléaires » (sic). Puisque la chasse aux idées reçues est ouverte, rappelons à ce fantaisite lobbyiste de l’industrie nucléaire que l’éolien Français a permis, en 2019, d’éviter le rejet de près de 22 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est un fait, l’éolien est reconnu par l’ensemble de la communauté scientifique et climatique (GIEC, AIE, ONU, OCDE, EIA, Ademe, RTE…) comme une des technologies énergétiques les plus efficaces dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ainsi, sur internet et les réseaux sociaux, les anti-éolien se déchaînent et des campagnes de trolling en bande organisée sont orchestrées à l’encontre des défenseurs de ces énergies d’avenir. Comment en est-on arrivé là ? Dans l’analyse qui vient, nous étudierons de manière précise les mythes qui entourent ces critiques et nous veillerons à démystifier, par les faits, les fausses revendications qui nourrissent cette hostilité à l’égard des éoliennes.

derrière les anti-éolien une galaxie pronucléaire
© Dessin de Aurel pour Énergie Partagée (2021).

Une coalition d’acteurs à la stratégie d’influence élaborée

En septembre 2020, une soirée avait lieu dans les salons du Cercle de l’Union interalliée à Paris, rassemblant à la fois des partisans de l’énergie nucléaire et des opposants aux éoliennes. Plus de 100 personnes étaient présentes dans le select club parisien, dont Denis de Kergorlay, co-auteur du livre Eoliennes : chronique d’un naufrage annoncé (Les Peregrines, 2018), et membre du club en compagnie de Stéphane Bern, le « monsieur Patrimoine », ami du couple présidentiel et anti-éolien convaincu. L’objectif de cet événement était de lancer une campagne de financement participatif pour produire un documentaire de propagande qui puisse dénoncer une « gigantesque escroquerie politique et écologique ». En somme, faire passer un message choc auprès du public et des décideurs afin de fabriquer du doute.

En quelques mois, environ 150 000 euros ont été collectés pour financer la production et la promotion du film. Le think tank Cérémé, qui a pour but — plus ou moins avoué — de promouvoir le nucléaire en France, y a contribué pour environ 10 000 euros. Intitulé Éoliennes. Du rêve aux réalités, le documentaire donne la parole à d’anciens dirigeants d’EDF (Henri Proglio, Hervé Machenaud) et du groupe pétrolier Elf (Loïk Le Floch-Prigent), ainsi qu’à Jacques Percebois ou des représentants de la Fédération environnement durable (FED) ou encore au médiatique ingénieur et président du Shift Project Jean-Marc Jancovici, la caution « scientifique » du mouvement antiéolien.

Le documentaire a été publié sur YouTube le 1er juin 2021 et a depuis été visionné plus de 550 000 fois. Dès sa sortie, plusieurs observateurs ont critiqué ce documentaire pour son manque de nuance et son esprit partisan en faveur du nucléaire. Après avoir essuyé de nombreuses critiques acerbes, l’association Documentaire et vérité est créée, avec pour objectif de « financer des documentaires basés sur des faits vérifiables et des experts reconnus ». Leur deuxième film, Nucléaire. Une énergie qui dérange, a été encore plus largement financé par le président de Cérémé, et présente des défenseurs de l’énergie nucléaire, comme les membres de l’association Les Voix du nucléaire, qui s’invitent régulièrement dans les marches pour le climat.

Pour soutenir son « documentaire de combat » lors du lancement du premier opus au Cercle de l’Union interalliée, c’est le journaliste Alexandre Devecchio qui était aux manettes. Responsable de l’espace débats du Figaro, il ouvrira les pages du journal à une trentaine d’articles d’opposition au mouvement antiéolien, dont trois écrits par Patrice Cahart, membre du Céremé et auteur d’un pamphlet anti-renouvelable, La Peste éolienne. Des lobbyistes défenseurs de l’atome très présents jusqu’au sommet de l’État ? C’est un fait. Et des lobbyistes dont les mensonges et la propagande « infuse » malheureusement dans l’opinion, auprès des décideurs, des parlementaires, des maires et des préfets…

En route pour l’efficacité énergétique

Aujourd’hui, aucun organisme officiel ou organisation internationale n’a jusqu’à présent confirmé qu’il était possible d’atteindre la neutralité carbone en cessant le développement de l’éolien et en misant quasiment exclusivement sur l’atome.

L’électricité représente aujourd’hui 20 % de l’énergie que nous consommons dans le monde. En France, 29 % de notre énergie est électrique. Le reste, ce sont essentiellement des carburants et des combustibles issus des énergies fossiles. Pour supprimer les émissions de CO2, le recours à l’électricité semble être incontournable. En l’état actuel de nos connaissances et de nos avancées scientifiques, aucune autre solution ne peut relever ce défi. Le développement des énergies renouvelables et de la mobilité électrique sont des éléments essentiels pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique. Cependant, ces technologies rencontrent encore des résistances de la part de certains individus qui les considèrent comme peu fiables ou non rentables.

En route vers l'efficacité énergétique
Le développement de la mobilité électrique est essentiel pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En ce qui concerne les véhicules électriques, ces derniers font également l’objet de campagnes massives de désinformation [voir le podcast de Éric Dupin sur Automobile Propre – ndla]. Ces campagnes cherchent à semer le doute sur la fiabilité et la rentabilité de la technologie électrique, ce qui freine son adoption. Pourtant, l’utilisation de l’électricité comme source d’énergie pour les véhicules est bien plus efficace que l’utilisation de combustibles fossiles. En effet, pour produire un kilowattheure d’énergie mécanique dans nos moteurs thermiques, il faut consommer entre trois et quatre kilowattheures d’énergie fossile. Tandis qu’avec un moteur électrique, il ne faut que légèrement plus d’un kilowattheure d’énergie électrique pour produire le même résultat. Cela signifie que l’utilisation de l’électricité dans les voitures est trois fois plus efficace que l’essence ou le diesel et quatre fois plus efficace que le pétrole. En outre, l’utilisation de l’électricité pour alimenter les véhicules permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines, responsables de la pollution de l’air.

Comparaison des émissions de CO2 entre le nucléaire et l’éolien

La construction de tout ouvrage et de toute machine requiert des matériaux et de l’énergie, qui impliquent eux-mêmes pollution, rejets et autres impacts environnementaux. L’analyse du cycle de vie révèle ainsi, par exemple, qu’une éolienne est responsable d’émissions indirectes de CO2 qui représentent, moyennées sur sa durée de vie, 12,7 gCO2/kWh. 84% de ces émissions ayant lieu lors de sa fabrication. Par ailleurs, toute l’énergie qu’elle produit pendant sa première année de fonctionnement ne fait que compenser celle qui a été dépensée pour la mettre en service.

À titre de comparaison, l’énergie nucléaire est responsable d’émissions équivalentes. On ne va se mentir, une centrale nucléaire émet effectivement très peu de CO2. Difficile, même pour les plus fervents antinucléaires, de ne pas l’admettre. Cependant, il convient d’inclure toutes les étapes, de l’extraction de l’uranium à sa conversion et son enrichissement jusqu’au traitement des déchets générés en passant par la fabrication des combustibles et la construction et l’exploitation des réacteurs.

C’est alors que le bilan carbone du nucléaire peut grandement varier. En France, EDF donne 6 gCO2/kWh pour les nouveaux réacteurs, tandis que le GIEC avance le chiffre de 13 gCO2/kWh (dernier rapport 2023). L’ADEME estime qu’une centrale peut monter jusqu’à 66 g CO2/kWh. Une équipe de l’université de Stanford estime que le nucléaire peut émettre jusqu’à 180 gCO2/kWh. Une revue de plus de 100 études — certes un peu datée — présentait des estimations à 288 gCO2/kWh !

Mais alors, pourquoi de tels écarts ? Il faut comprendre qu’entre un enrichissement réalisé par diffusion gazeuse dans un pays qui utilise une électricité fortement carbonée produite à partir de charbon (la Chine notamment) ou un enrichissement réalisé par ultracentrifugation dans un pays au mix électrique bas-carbone, la différence peut être énorme. Prenons l’exemple de Tricastin. Durant 33 ans d’exploitation (1980-2013), la technique utilisée fut la diffusion gazeuse, un procédé d’enrichissement de l’uranium 50 à 60 fois plus energivore que l’ultracentrifugation. Trois des quatre réacteurs nucléaires de la centrale étaient dédiés à fournir l’énergie colossale nécessaire à l’opération ! Dans ces conditions, on imagine sans mal que le bilan carbone de cette antique centrale pouvait atteindre 180 gCO2/kWh…

Pour les autres énergies, le solaire photovoltaïque émet de 40 à 45 g CO2/kWh ; le thermique à gaz : de 400 à 500 gCO2/kWh et le thermique à charbon : jusqu’à 1 000 gCO2/kWh.

Produire moins pour chauffer plus

Dans le domaine du chauffage, l’utilisation des pompes à chaleur constitue une alternative plus efficace que les radiateurs électriques. En effet, avec les pompes à chaleur, il est possible de produire deux, trois, quatre, voire davantage de kilowattheures d’énergie avec seulement un kilowattheure d’électricité. Cette technologie permet donc de réduire considérablement la consommation d’énergie finale dans le secteur du chauffage des bâtiments.

Ainsi, que ce soit dans les transports ou dans le chauffage des bâtiments, l’utilisation de l’électricité comme source d’énergie offre des avantages considérables en termes d’efficacité énergétique. Les pseudo-arguments des détracteurs de l’éolien ou du véhicule électrique ne tiennent donc pas la route. Il apparaît donc primordial de promouvoir ces technologies, d’encourager leur adoption, de répondre à la désinformation par des études fiables et des chiffres vérifiés afin d’accélérer la transition énergétique vers des sources renouvelables.

Vue sur la centrale nucléaire du Tricastin
Mise en service en 1980, la centrale du Tricastin est la seconde en activité la plus âgée du parc nucléaire français, après celle du Bugey.

Quid de l’avenir du nucléaire français ?

Les partisans les plus fervents de l’énergie nucléaire avancent souvent l’argument que cette source d’énergie est suffisante pour répondre à la demande en électricité de façon pérenne. Toutefois, cet argument est fallacieux, car les réacteurs nucléaires ont une durée de vie limitée, tout comme le combustible utilisé pour les alimenter. En conséquence, leur disparition est inévitable à court ou moyen terme. Il s’agit d’un fait indéniable qui rend la question de la transition énergétique vers des sources renouvelables d’autant plus urgente.

Alors, par quoi les remplacer ? La durée de vie d’un réacteur est de quarante ans. Lors de leur mise en service entre 1972 et 1999, il n’était pas question d’aller au-delà de quatre décennies d’exploitation. Les EPR devaient prendre la relève. Le hic : promis pour 2012, ces derniers ne sont toujours pas opérationnels aujourd’hui et leurs cousins finlandais, chinois ou anglais présentent les mêmes problèmes de mise en service.

Si l’on souhaite prolonger la durée de vie d’un réacteur nucléaire au-delà de quarante ans, une difficulté majeure se présente. En effet, bien que le remplacement de la plupart des composants soit techniquement réalisable, la cuve du réacteur qui contient des matières hautement radioactives ainsi que l’enceinte de confinement ne peuvent être remplacées. Cette situation est particulièrement problématique en termes de sûreté.

Or rien ne permet d’affirmer que les microfissures détectées dans le réacteur n°1 de Tricastin ne vont pas s’agrandir au fil du temps. Une prolongation des réacteurs actuels au-delà de soixante ans semble donc très hypothétique, voire dangereuse. Le nucléaire représentant 70 % de la production d’électricité en France, nos réacteurs sont donc soumis à rude épreuve. Ce qui pousse l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la plus grande prudence quant à une éventuelle prolongation de la vie des réacteurs nucléaires au-delà de soixante ans. Imaginer continuer à utiliser cette technologie jusqu’à 2050, c’est faire un pari très osé sur l’avenir.

En ce qui concerne l’EPR, les problèmes de sûreté et de conception s’accumulent, y compris sur les deux réacteurs chinois de Taishan, où des « anomalies de conception » ont été relevées. Par conséquent, la mise en service de l’EPR et de son successeur, l’EPR 2, est incertaine. Quant aux petits réacteurs modulaires (SMR) proposés par RTE, ils ne sont pour l’instant qu’au stade théorique et ne sont donc pas prêts d’être opérationnels. En somme, les avancées en matière de nouvelles technologies nucléaires sont freinées par des défauts inquiétants et des problèmes de sûreté qui retardent leur mise en œuvre.

Déjà 3 accidents nucléaires majeurs en quarante ans d’exploitation !

De plus, le problème des catastrophes provoquées par l’industrie nucléaire est évident. En effet, il y a déjà eu trois accidents nucléaires majeurs en quarante ans d’exploitation. Si l’on considère les vastes zones irradiées de Tchernobyl à Fukushima, il est facile de se représenter les conséquences d’un incident majeur sur les centrales nucléaires du Bugey (banlieue lyonnaise) ou de Nogent-sur-Seine en région parisienne. Malgré les efforts de l’industrie nucléaire pour garantir la sécurité, il lui reste à prouver qu’elle peut concilier sûreté et coûts réduits. Bien que cela ne soit pas impossible, le défi est loin d’être relevé à l’heure actuelle.

Dans un tel contexte, la prudence ne recommande-t-elle pas plutôt de développer de plus en plus les énergies renouvelables ? D’une part leur réalisation est beaucoup plus assurée, d’autre part cela permettrait sans doute de sortir des énergies carbonées d’ici 2035. Oui, mais et « s’il n’y a pas de vent ? » Comme expliqué par Cédric Philibert dans son livre, cette question qui, à première vue peut paraître sensée, s’avère être est un argument des plus trompeur lorsqu’on comprend le fonctionnement des systèmes interconnectés du réseau éolien actuel et futur. Nous abordons cette question des aléas du climat dans les paragraphes suivants.

Des changements de puissance progressifs et prévisibles

L’argument phare des anti-renouvelables est que les éoliennes seraient « couplées avec des usines électriques utilisant des énergies fossiles. » C’est ce qu’affirme notamment Fabien Bouglé, thuriféraire du mensonge anti-énergies éolienne et solaire et « expert » autoproclamé en « politique énergétique ». Mais pourquoi cette affirmation est-elle fallacieuse ?

Ce n’est pas parce qu’un pays développe sa politique éolienne qu’il doit augmenter sa capacité d’énergie fondée sur les énergies fossiles. Dire cela équivaut à réécrire l’histoire, car les usines et les centrales thermiques existaient bien avant les éoliennes ! Il faut bien comprendre qu’un système « qui permet de répondre à une demande instantanée en énergie, même s’il est doté d’une forte pénétration en éolien et en solaire, doit aussi disposer de centrales thermiques » explique Cédric Philibert. Car les éoliennes et les panneaux photovoltaïques sont soumis aux aléas du climat (vent, jour/nuit, été/hiver, etc.).

En développant des sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien ou le solaire, les centrales thermiques ne produiront pas plus d’énergie, mais au contraire, elles seront utilisées moins souvent, seulement lors de périodes prolongées avec peu de soleil et de vent. Toutefois, certains anti-renouvelables utilisent cette information de manière trompeuse pour défendre leur cause. En réalité, l’introduction de sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien ou le solaire permet d’économiser des énergies fossiles lorsqu’elles sont intégrées dans un réseau qui est dominé par le charbon, le pétrole ou le gaz.

Des réseaux d'énergie interconnectés
Le réseau de transport d’électricité français est relié aux réseaux de six autres pays européens : le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suisse.

Des éoliennes intermittentes ? Faux !

Selon leurs détracteurs, les éoliennes seraient « intermittentes ». C’est argument maintes fois ressassé est totalement faux ! Affirmer cela est un mélange de raccourcis, d’approximations et une méconnaissance évidente du fonctionnement du réseau électrique en Europe. La question de la variabilité de la production d’énergie renouvelable doit être examinée à l’échelle du réseau électrique dans son ensemble plutôt qu’à celle d’une seule éolienne ou d’un seul panneau photovoltaïque. La répartition géographique des installations sur un territoire comme l’Europe permet de lisser les variations de production locales, évitant des arrêts brutaux de centaines d’éoliennes simultanément (ce qui n’arrive jamais).

Contrairement à la production des centrales thermiques de forte puissance, l’énergie éolienne et photovoltaïque n’est pas du tout intermittente. Le terme d’intermittence évoque une image d’interrupteur on/off ou de connexion téléphonique instable. Cependant, les éoliennes et les panneaux solaires ne s’arrêtent pas brusquement, passant de la production maximale à zéro. En observant l’ensemble du parc de production éolien ou photovoltaïque, on constate que le foisonnement des installations lisse les courbes de production.

En fin de compte, l’idée d’intermittence correspond davantage à la production d’électricité issue des centrales thermiques de forte puissance qu’à celle des énergies renouvelables. L’énergie éolienne et photovoltaïque contribuent donc, en réalité, à réduire la production d’électricité d’origine fossile et nucléaire.

Des réseaux d’énergie interconnectés

Il est important de prendre en compte les réseaux interconnectés pour comprendre leur importance dans l’échange d’énormes quantités d’énergie d’une région à l’autre et même entre les pays. Les éoliennes ne tournent pas toutes en même temps, mais comme le vent souffle toujours quelque part, le réseau est constamment alimenté. Si le vent vient à manquer, d’autres sources d’énergie telles que l’hydroélectricité, les centrales à gaz renouvelable ou de synthèse, ou celles à biomasse solide prennent le relais. Grâce à l’inter-connectivité entre les États, il est possible de répondre rapidement et efficacement aux variations du climat et aux demandes des consommateurs, une tâche quasi impossible à accomplir pour les centrales thermiques ou les centrales nucléaires.

Comme mentionné dans la légende de la photographie ci-dessus, le réseau de transport d’électricité français est relié aux réseaux de six autres pays européens : le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suisse. Les centrales nucléaires ne sont pas en mesure de s’adapter rapidement aux fluctuations de la demande en énergie et sont très coûteuses à exploiter pour une utilisation limitée. Même si le scénario « 80% nucléaire » souhaité par Emmanuel Macron d’ici 2050 se réalise, le soutien des centrales à combustibles fossiles sera toujours nécessaire. Par conséquent, il est réaliste de considérer que le nucléaire ne pourra jamais vraiment remplacer les variations de l’éolien et du solaire.

Des matières polluantes non recyclables ?

Pour pallier la faiblesse et la fausseté de leur pensée, une des arguties des analyses émises par les anti-éolien à l’encontre de cette énergie propre serait son utilisation immodérée de matières polluantes comme le béton ou l’acier. Un argument qui au regard des faits s’avère ne pas refléter la réalité et qui vise surtout à discréditer la production d’énergie éolienne en France.

Bien qu’un parc éolien nécessite de la surface et du béton pour les fondations, son impact réel sur l’environnement reste minime. En effet, l’éolien ne consomme qu’une infime partie du béton produit en France et ne contribue que très peu à l’artificialisation des terres. Bien sûr, la production de matériaux tels que le béton engendre une pollution, mais cela est également vrai pour d’autres matériaux de construction couramment utilisés, tels que l’acier, le laiton, le cuivre ou l’aluminium… dans la construction de maisons en bois, par exemple.

Le projet de Programmation pluriannuelle de l’Énergie (PPE) de janvier 2020 prévoyait une moyenne de 1 800 mégawatts d’énergie éolienne installés chaque année au cours des dix prochaines années, ce qui représenterait une consommation annuelle de béton d’environ 250 000 m3, soit seulement 0,7 % de la production nationale de béton. En outre, l’éolien ne contribue qu’à 1,5 % de l’artificialisation des terres en France chaque année, ce qui est loin de la vision destructrice de la campagne que certains veulent faire croire. La perfection n’étant pas le propre de notre monde, il sera nécessaire de faire fonctionner un grand nombre d’éoliennes pour diminuer les émissions de CO2 causées par la production de ciment et d’acier !

Les nombreux usages des terres rares

Émilie Janots, enseignante-chercheuse à l’Université Grenoble Alpes et au Laboratoire ISTerre explique que les terres rares ne sont pas aussi rares qu’on pourrait le croire. Le terme « terres rares » peut être trompeur, car on pourrait penser que ces métaux sont encore plus rares que d’autres métaux précieux, voire qu’ils seraient très peu abondants dans la croûte terrestre. Cependant, la rareté de ce groupe de métaux aux propriétés similaires est plus proche de celle du nickel ou du cuivre que de celle de métaux précieux tels que l’or ou le platine. Qu’en est-il de l’utilisation de ces prétendues « terres rares » par les éoliennes ? Sont-elles vraiment les plus grosses consommatrices de ces métaux ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques qui utilisent le plus de terres rares, mais plutôt les moteurs thermiques. Ces métaux sont utilisés comme catalyseurs dans le raffinage du pétrole et dans les pots catalytiques des véhicules, tels que les voitures et les camions. Abandonner les voitures électriques reviendrait à entraîner une augmentation significative de la pollution, comparable à celle des années 60, multipliée par l’augmentation du trafic automobile actuel. D’autres secteurs tels que l’industrie du verre, de la céramique, la métallurgie, ainsi que des technologies de pointe telles que l’aéronautique, l’aérospatiale ou l’armement militaire consomment également beaucoup de terres rares. Toutefois, seulement un quart des éoliennes utilisent ces métaux, principalement pour des raisons de maintenance, notamment les éoliennes off-shore. Certaines voitures électriques, comme le modèle Zoé et les dernières Tesla, n’utilisent pas de terres rares dans leurs batteries. Le solaire, quant à lui, n’utilise que peu ou pas de métaux rares, à l’exception d’une faible quantité d’argent.

Précisons que pour l’éolien, seules deux « terres rares » sont utilisées : le néodyme et le dysprosium. Il est intéressant de noter qu’au niveau mondial, si l’on multipliait par sept la quantité d’éoliennes et de véhicules électriques d’ici 2040, cela ne représenterait que 20% à 40% de la demande totale en terres rares, toutes industries confondues.

Le fait de penser qu’il est possible d’avoir des sources d’énergie propre sans produire de déchets ou sans impacter l’environnement est une illusion. Dans le cadre de la transition énergétique, les pays vont continuer à s’orienter vers les sources d’énergie renouvelables, également connues sous le nom d’« énergies vertes ». Cela signifie que l’utilisation des terres rares sera encore nécessaire. L’important n’est donc pas de se demander si les éoliennes utilisent ou non beaucoup de « terres rares », mais plutôt comment recycler les terres rares pour éviter la création de nouveaux sites d’exploitation. En outre, la recherche doit être axée sur la découverte de nouvelles méthodes d’extraction de ces métaux pour minimiser leur impact environnemental et les conséquences sur la santé humaine. Or, il s’avère que de telles solutions existent déjà et nous en parlons dans le chapitre qui suit.

tableau périodique des éléments chimiques et terres rares
Tableau périodique des éléments chimiques – Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés voisines comprenant le scandium, l’yttrium et les quinze lanthanides.

Des terres « rares » qui ne le sont pas vraiment

Comme nous l’expliquions plus haut, les métaux connus sous le nom de « terres rares » ne sont pas réellement rares, malgré leur appellation. En réalité, ils sont difficiles à extraire et à traiter, car ils sont souvent mélangés avec des minerais de fer, ce qui nécessite une purification supplémentaire. Les dix-sept éléments chimiques appelés « terres rares » sont en fait plus abondants que l’argent et certains sont aussi courants que le nickel ou le cuivre. Ils se trouvent principalement en Chine, dans la région de Bayan Obo, ainsi que dans diverses régions du monde, y compris en Europe. Si la demande pour ces métaux augmentait à l’avenir et conduisait à une pénurie de terres rares, il existe déjà d’autres alternatives disponibles.

Pour appuyer son propos, Cédric Philibert donne l’exemple de l’industriel anglo-saxon GreenSpur qui est parvenu à concevoir des génératrices de puissance équivalente à celles actuellement construites, mais sans avoir recours aux terres rares. Contrairement à la Chine, qui est critiquée — à juste titre — pour les effets polluants de ses processus d’extraction et de raffinage de ces métaux, l’Europe mise sur des techniques innovantes et moins polluantes qui ont déjà prouvé leur efficacité, telle que l’utilisation de liquides ionisés, de nanoparticules et d’électrolyses.

La transition énergétique ne signifie pas nécessairement que la planète va se couvrir d’une multitude de mines et de sites d’extraction. En fait, des études récentes ont montré que la quantité de roches déplacées sera bien moindre que les volumes de charbon et de minerais qui sont extraits actuellement, ainsi que les déchets générés par l’utilisation de combustibles fossiles. Les avantages des ressources renouvelables sont donc indéniables, puisqu’elles permettent d’utiliser un « carburant » renouvelable en permanence, tandis que les énergies fossiles nécessitent une extraction perpétuelle de ressources minières. Or il en va de même pour l’industrie nucléaire…

Beaucoup de bruit pour pas grand-chose

Les opposants aux éoliennes avancent souvent qu’elles sont une source de nuisance sonore et visuelle intolérable. Certains parlent de sons audibles ou d’infrasons, de perturbations des champs électromagnétiques, etc. Cependant, une éolienne située à 500 mètres d’une habitation produit le même niveau sonore qu’une conversation à voix basse, soit 35 décibels. Quant aux infrasons, leur mesure est plus complexe et leurs effets le sont également.

Bien que certains individus soient réellement gênés, il est intéressant de noter que sept millions de Français (12% de la population) sont exposés à un bruit de circulation dépassant 65 décibels (de jour). Incontestablement, ce niveau sonore est bien supérieur à celui d’une éolienne. Il est important de rappeler que pour réduire cette nuisance sonore globale propre à notre société, il semble inévitable de passer à une transition énergétique plus silencieuse. Toutes causes confondues, ajoutons que 40 000 décès sont imputables chaque année en France à la pollution atmosphérique. Réduire cette hécatombe est aussi un des bénéfices attendus de l’électrification des véhicules.

Projection d’ombre ou effet stroboscopique

Lorsque le ciel est dégagé et que le soleil est bas sur l’horizon, une éolienne projette une ombre sur le terrain qui l’entoure. Cette ombre peut s’avérer gênante pour certains individus, en particulier lorsque l’éolienne est en mouvement et que l’ombre des pales est projetée sur des résidences ou des lieux de travail. Ce phénomène est appelé « effet stroboscopique ». Sa perception, habituellement de courte durée, dépend notamment de la distance qui sépare l’observateur de l’éolienne et de la vitesse de rotation des pales.

Selon les nombreuses études réalisées par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les dangers potentiels d’ordre épileptique ou photo-convulsif sont très peu probables, du fait du taux réduit de rotation des pales par minute. Une note publiée par le Government Office for the East of England abonde dans le même sens que l’Agence internationale de l’énergie. Cette note précise que le taux de clignotement critique pour le déclenchement de crises photo-convulsives chez des personnes vulnérables se situe entre 150 et 2 400 clignotements par minute. Pour les éoliennes actuelles à trois pâles, le nombre de révolutions par minute représente 30 à 60 clignotements par minute, ce qui est nettement inférieur dans le pire des cas à la zone de danger pour les personnes vulnérables.

Le Health and Safety Executive du Royaume-Uni rapporte pour sa part des études sur la réponse photo-convulsive chez des personnes vulnérables. Elles démontrent que 96% de ces personnes réagissent à une fréquence de 15 à 20 clignotements par seconde, ce qui se rapproche de la fréquence de clignotement des téléviseurs, de loin les déclencheurs de réactions photo-convulsives les plus importants chez les personnes à risque. À ce jour, cette crainte alarmiste voulant que la possibilité de conséquences psychiques ou même neurologiques soit entraînée par l’observation soutenue de la rotation des pales ne semble étayée par aucun cas probant.

éolienne et vaches
La rumeur des éoliennes tueuses a défrayée la chronique en Loire-Atlantique. Infondée, elle continue pourtant d’alimenter la désinformation anti-éolienne.

Des éoliennes « tueuses » de vaches ?

Une autre rumeur largement répandue et pourtant factuellement infondée est celle des « éoliennes tueuses ». Depuis une dizaine d’années, cette affaire fait les gros titres à Nozay, en Loire-Atlantique, où les éoliennes seraient à l’origine d’une hécatombe chez les bovins de deux élevages situés respectivement à 700 mètres et à 1500 mètres du parc éolien des Quatre-Seigneurs. Cette affaire est d’autant plus étrange que de nombreuses éoliennes sont implantées dans les zones rurales… où il y a de très nombreuses vaches.

Sur cette exploitation, près de Nantes, plus de 450 vaches sont mortes en dix ans. Toutes de façon « mystérieuse » prétendent les éleveurs. Mais qu’en est-il réellement ? Car ce cas, étrange, est aussi unique en son genre. Saisie par les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture en 2019 pour émettre un avis scientifique sur la mystérieuse mortalité des vaches de ces deux élevages, l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses) considère que la responsabilité des éoliennes serait « hautement improbable ». Même si ces troubles sont bien réels, ceux-ci ne sont toutefois pas imputables aux « agents physiques » générés par les éoliennes, à savoir les ondes sonores, les vibrations au niveau du sol et les champs électromagnétiques.

À lire le rapport de 220 pages de l’Anses, on comprend vite que les problèmes rencontrés dans ces élevages ont en réalité de nombreuses autres causes possibles, mais qui n’ont fait l’objet d’aucune étude scientifique sérieuse. « Le mystère reste entier » titre la presse locale. Mais y a-t-il un mystère ? Lorsque l’on sait l’insuffisance de soins vétérinaires pour les animaux de ces élevages, qu’aucune étude probante n’a été réalisée concernant leur alimentation (par exemple) ou que les faits rapportés ne sont que parcellaires et ne permettent donc pas une expertise facile, on est en droit de s’interroger sur la réalité de ces prétendues « éoliennes tueuses ». Quant aux « courants parasites remarquables », il a été prouvé qu’ils provenaient tous des propres installations électriques des fermes en question, malgré les analyses peu concluantes de trois géobiologues qui ont tenté, sans succès, de démontrer le contraire en 2013, 2015 et en 2019.

De plus, sur la base des informations disponibles, l’Anses et le groupe de travail qui a étudié le site [les déclarations d’intérêts des experts sont publiées ici : https://dpi.sante.gouv.fr/ – ndla] indiquent que le massif sur lequel repose le parc éolien des Quatre Seigneurs présente des caractéristiques physiques homogènes. La circulation d’eau est donc assez faible dans la roche elle-même, contrairement à des visions présentées dans certains rapports, évoquant des « failles d’eau » : il s’agit plus d’une circulation d’eau particulaire, d’une percolation, que d’une circulation dans « des rivières souterraines » ou des « failles ».

Parcs éoliens et avifaune sauvage
Les parcs éoliens sont-ils une menace pour la faune sauvage ?

Les parcs éoliens représentent-ils une menace pour l’avifaune sauvage ?

À ce sujet les rumeurs vont bon train : les éoliennes seraient responsables de la mort de centaines d’oiseaux et chauve-souris. Posons la question à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Selon une récente étude de cet organisme, chaque année une éolienne est responsable d’environ sept décès de rapaces ou de passereaux. Depuis plusieurs années, les exploitants de parcs éoliens font de gros efforts pour réduire cet impact. Les zones les plus sensibles sont évitées, particulièrement les couloirs de migration. Quant aux chauves-souris, ces dernières n’appréciant guère le vent, leur taux de mortalité dû à la présence d’éolienne est fortement réduit en comparaison d’autres sources de mortalité bien plus inquiétantes pour ces animaux.

Ainsi, les oiseaux et les chauves-souris meurent par millions, aplatis par nos voitures et nos camions ou en s’écrasant sur les surfaces vitrées de nos immeubles. Une bonne part d’entre eux sont étouffés par nos pesticides, exterminés par nos chasseurs ou d’autres prédateurs domestiques… comme nos chats. Quant à leurs habitats naturels, nous les détruisons sans vergogne avec la déforestation et la dévastation des écosystèmes. Le bilan actuel est catastrophique en comparaison de l’impact relativement faible des éoliennes sur l’avifaune sauvage.

Il est alarmant de constater que plus de la moitié des espèces d’oiseaux sur Terre sont en déclin et que 1409 espèces sont menacées d’extinction à cause de l’activité humaine. L’industrialisation et l’expansion agricole en sont les principales causes, car elles sont responsables de la disparition prochaine de 73% des espèces d’oiseaux ! L’utilisation de produits agrochimiques et l’augmentation des terres cultivées ont contribué à la disparition de 53% des espèces d’oiseaux en Europe depuis 1980. De plus, la chasse menace 38% des espèces d’oiseaux dans le monde, tandis que le changement climatique en impacte déjà 34%.

Face à cette situation critique, plutôt que de dénoncer le faible impact négatif des éoliennes sur la biodiversité, il serait plus logique de prendre des mesures urgentes pour protéger les habitats naturels des animaux et des oiseaux. Les efforts doivent être faits pour réduire l’utilisation de produits agrochimiques et de développer des pratiques agricoles durables qui préservent la biodiversité. Il est important de noter que l’expansion urbaine a également entraîné le déclin de 27% des espèces d’oiseaux à l’échelle mondiale. En conséquence, les éoliennes ne devraient pas être injustement condamnées, car les chiffres et les faits démontrent, sans équivoque, qu’elles ne sont responsables que d’une infime portion du désastre environnemental actuel.

Déconstruire les contre-vérités propagées au sujet des éoliennes

Nous espérons que cet article vous aura convaincu d’un fait authentique, c’est que les opposants aux éoliennes (et aux énergies renouvelables en général) exagèrent leurs prétendues nuisances dans des proportions inouïes ! Il est évident, au regard de la destruction actuelle des écosystèmes et de la menace réelle du changement climatique, que le développement des énergies renouvelables est un intérêt public majeur. En limitant de façon drastique toute consommation d’énergie fossile, les aspects positifs des éoliennes en faveur de l’environnement sont indéniables.

Leur seul « défaut » reste donc leur visibilité dans les paysages. Là encore, ce choix de la verticalité leur assure une coexistence plutôt bien adaptée aux écosystèmes, puisque leur empreinte au sol est très faible. Au contraire des pollutions invisibles et non tangibles — mais pourtant bien réelles — de nos sociétés modernes, les éoliennes nous rappellent les contraintes associées à notre démesurée consommation d’énergie. Finalement, c’est peut-être ce qui gêne le plus leurs détracteurs : que ces hauts pylônes blancs qu’ils peuvent apercevoir à des kilomètres ne leur rappellent, trop souvent, leur propre déni de la réalité…


Ressources littéraires

Cédric Philibert

Cédric Philibert exerce en tant que consultant indépendant et analyste senior spécialisé dans les enjeux liés à l’énergie et au climat à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Son domaine de prédilection se concentre sur les énergies renouvelables pour les secteurs industriels et de transport. Il s’intéresse également au rôle de l’électrification et de l’hydrogène dans la réduction des émissions de carbone de l’économie mondiale.

On le retrouve aussi à l’Université nationale australienne (ANU) et il enseigne également à Sciences Po Paris. Avant de travailler pour l’IFRI, il a œuvré pendant 19 ans à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans la division énergie et environnement, en charge de la lutte contre le changement climatique à l’échelle internationale. En 2009, il a rejoint la division des énergies renouvelables en tant que responsable des enjeux liés aux technologies.

Auparavant, Cédric Philibert fut journaliste, puis conseiller pour le Ministère français de l’Environnement de 1988 à 1990. En 1990, il a publié deux ouvrages, La Terre brûle-t-elle ? et Du Neuf sous le soleil (Calmann-Levy). De 1992 à 1998, il a conseillé le directeur général de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) avant de rejoindre le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en 1998, puis l’AIE. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Grenoble, Cédric Philibert a publié de nombreux articles dans des revues à comité de lecture, ainsi que pour plusieurs journaux scientifiques et a contribué à de nombreux livres et rapports.

Quelle quantité de matériaux pour l’éolien et le nucléaire ?

Aujourd’hui une centrale nucléaire EPR comme celle prévue à Flamanville, a besoin pour sa construction de plus de 400 000 m3 de béton (soit l’équivalent d’environ 1250 éoliennes) ainsi que de 42 000 tonnes d’acier.

Mais la consommation de béton utilisé dans la filière nucléaire ne se limite pas aux seules centrales. Par exemple l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) cite le besoin de 6 millions de mètres cube de béton uniquement pour le projet de de centre de stockage profond de déchets radioactifs dans le département de la Meuse à Bure (CIGEO). Cela représente ainsi l’équivalent de plus de 25 ans de développement éolien en termes de béton consommé ! Ou autant de béton que 14 EPR ou 10 000 éoliennes… Les anti-éoliens pourraient donc rejoindre les anti-CIGEO dans leur lutte pour la « préservation de la biodiversité ».

Si on se place du point de la valorisation du béton et de l’acier utilisés, le nucléaire pose un problème de taille : ces matériaux ne sont ni valorisables ni recyclables puisqu’ils sont fortement irradiés. Acier et béton sont donc perdus, au contraire de ceux utilisés pour les énergies renouvelables comme l’éolien.

La géobiologie, qu’est-ce que c’est ?

Dans le paragraphe traitant des « éoliennes tueuses de vaches », nous faisons allusion à une discipline au nom étrange : la géobiologie. Comme indiqué dans un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques [mars 2021], la géobiologie se présente « comme une discipline qui traite des relations entre le vivant d’une part et, d’autre part, l’environnement, les constructions et les modes de vie ». Elle y est mentionnée comme « une discipline non scientifique, reposant en partie sur des méthodes scientifiques, et faisant aussi appel à la subjectivité et au ressenti ». Or un ressenti est difficilement contestable et objectivable, car il ne résulte pas d’une démarche scientifique.

Alors que la désinformation met à rude épreuve notre capacité à discuter, débattre et vivre en harmonie, l’existence d’une information factuelle, précise, variée et de qualité n’a jamais eu autant d’importance. La Bibliothèque Vigilante vous garantit toujours cette rigueur.


Mise à jour du 15/05/2023 : dans le 14e paragraphe, « Beaucoup de bruit pour pas grand-chose », 7 millions de personnes, soit 12 % de la population, sont exposées à des niveaux de bruit extérieur excédant le seuil de 65 dB (de jour) et non pas 165 dB comme précédemment annoncé. Merci au lecteur vigilant qui a remarqué cette coquille.

Mise à jour du 25/04/2023 : ainsi que nous l’ont fait remarquer certains commentateurs attentifs, il fallait lire « 6e rapport du Giec » et non pas « 8e ». Nous avons corrigé cette coquille, enrichi la base de connaissances avec un portrait de l’auteur et ajouté d’autres éléments factuels, ainsi qu’une réflexion sur les proportions de CO2 entre l’éolien et le nucléaire (à la demande d’un lecteur).