Internet et les réseaux sociaux sont devenus les premières sources d’information des jeunes. Apprendre à nos têtes blondes (ou brunes, ou rousses…) à faire des recherches en ligne est essentiel et savoir utiliser les moteurs de recherche est primordial. Voici quelques outils et liens pour vous aider à proposer à vos enfants une navigation saine sur Internet et les réseaux sociaux et quelques conseils pratiques pour accompagner les jeunes, leurs parents et enseignants dans leur vie numérique et l’usage d’Internet. En fin d’article, une infographie pour apprendre à déjouer les théories du complot.
Apprentissage : sites et chaînes Youtube pour mieux profiter du Web
Dans le monde numérique, réputation et popularité peuvent être de bons indices de la pertinence d’un site ou d’une chaîne Youtube. C’est en particulier vrai pour la plateforme de partage de vidéo éponyme, où de plus en plus d’acteurs proposent un excellent contenu pédagogique. D’Axolot à Nota-Bene, e-Penser, en passant par DirtyBiology, le Youtube francophone est riche de dizaines de comptes très instructifs.
Notons aussi la chaîne Micmaths (la chaîne de Mickaël Launay, un prof de maths passionné qui rend limpides des notions au programme, comme le théorème de Pythagore ou la trigonométrie), Hygiène Mentale (esprit critique et enseignement aux médias et à l’information), Les Boloss des Belles Lettres, Monsieur Phi ou encore Le Précepteur qui vulgarisent avec humour des notions de philosophie, de littérature, de politique, de science et de tout un tas d’autres choses intéressantes et instructives.
Atelier zététique et esprit critique au collège
Le CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) est né en 2010. Il a pour objectif la transmission des divers aspects de l’esprit critique, la pensée critique ou sceptique, qu’on la nomme zététique (Henri Broch), hygiène préventive du jugement (Jean Rostand) ou encore autodéfense intellectuelle (à l’instar de Noam Chomsky). Cliquez ici pour ouvrir l’atelier zététique de CORTECS.
Qwant Junior
Qwant Junior est un nouveau moteur de recherche pour les 6-13 ans, optimisé pour renvoyer des résultats à des recherches simples, que vont formuler les enfants au début de leur expérience sur Internet. L’outil ne collecte aucune données personnelles et permet une navigation sereine, hautement sécurisée et sans contenus choquants.

Lumni
LUMNI (anciennement Lesite.tv) est le fruit d’un partenariat entre France Télévisions, le Ministère de l’Éducation nationale et Canopé. Vous y trouverez une foule de ressources audiovisuelles de la maternelle au lycée, que vous pourrez filtrer par cycle et par matière. Une véritable mine d’informations !

BrainPOP
BrainPOP propose une gigantesque base de données de vidéos éducatives pour les élèves du primaire, chacune accompagnée d’un petit quiz. Il fonctionne sur abonnement mais une partie des contenus sont gratuits !

Larousse
Les Éditions Larousse permettent également d’accéder à des savoirs pertinents et de montrer aux enfants comment Internet peut être une source d’information fiable.

Kezako ?
Pour la science, il existe de nombreux sites comme Kezako, qui répond à de nombreuses questions scientifiques que se posent nos enfants et ados.

Maîtrise ton web
Le jeu pédagogique et gratuit « Maîtrise ton web » accompagne les enfants de cycle 3 (CM1, CM2, 6ème), avec ou sans handicap, dans la construction de leur relation aux médias.

Vikidia
Pour ce qui est de la consultation de sites web, un équivalent de Wikipédia pour les enfants et plus facile d’accès : Vikidia.

Comment savoir si une info est juste ?
La requête a été correctement formulée, l’information trouvée. Se pose maintenant la question : comment déterminer sa valeur ? La valeur que représente une info dépend de différents facteurs. Une information a une pertinence en soi (par son exactitude, sa véracité), mais elle doit aussi avoir une pertinence par rapport au thème de la recherche et au niveau de connaissance de l’internaute. Vigilance et méthode sont ici de rigueur.
Pas de miracle pour être certain que ce que l’on a trouvé est « vrai » et fait appel à des faits, mais il existe tout de même quelques techniques. Par ailleurs, en cas de doute, le jeune ne devrait pas hésiter à parler avec les personnes de son entourage, qu’ils soient des membres de la famille, des amis ou des professeurs. Les cultures des uns et des autres, leur bon sens aussi, peuvent être des aides précieuses.
Plusieurs informations présentent sur un site internet peuvent vous aider à déterminer la pertinence des informations qui y sont présentées.
L’URL (Uniform Resource Locator) : c’est l’adresse des pages des sites et des blogs. C’est un bon moyen pour identifier la source des informations publiées. Elle se décompose de la manière suivante : https://nom-de-domaine/nom-de-répertoire/nom-de-fichier.extension.
Le nom de domaine est celui qu’a choisi le propriétaire du site et son extension (.org, .fr, .com, .info, etc.). Il révèle l’origine géographique, le type d’organisme auquel on a affaire, le secteur d’activité, etc. Même s’ils ne sont pas tous fiables à 100%, des services « WHOIS » permettent d’interroger les bases de données des noms de domaine et de connaître ainsi le ou les propriétaires d’un site. En France, il faut savoir que dans la Loi, le fait de falsifier des données de propriétés d’un nom de domaine peut entraîner la suppression du site. Génralement, ces données sont donc fiables mais pas toujours faciles à obtenir car, depuis le 25 mai 2018, l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) rend cet accès plus difficile.

Néanmoins, les adresses IP des sites web sont également enregistrées dans leur propre base de données WHOIS et les informations des créateurs et des utilisateurs peuvent y être récupérées.
L’auteur et les objectifs du site : l’auteur est-il une personne reconnue dans son domaine ? Se présente-t-elle sous son vrai nom, son vrai visage ? Propose-t-elle un CV ? Quels sont les objectifs du site ? Est-il possible de les déterminer à travers une présentation de type « Qui sommes-nous », en se rendant sur la page d’accueil, en observant les différentes rubriques proposées et en visitant quelques pages ?
La date de publication : elle permet de vérifier l’actualité de l’information grâce à une date de mise à jour du site, ou encore en testant la validité des liens qu’il propose.
Comparaison approfondie avec d’autres sources
Même si certains sites font figure de référence (médias en ligne, sites institutionnels, sites d’entreprises ou d’associations connues), il faut bien avouer que, même dans ce cas-là, les informations ne sont pas forcément neutres. Quiconque s’exprime le fait d’un certain point de vue. Aussi, pour se prémunir contre une information fausse ou incomplète, il faut varier ses sources. Il s’agit de veiller à la diversité des auteurs, éditeurs et types de sites que l’on retient.
En outre, la recherche sur le Web ne doit pas exclure d’autres voies d’information : une bibliothèque locale peut avoir des encyclopédies ou des ouvrages qui répondront de manière satisfaisante à une question et complèteront utilement une recherche sur Internet (mais l’inverse est aussi possible…).
La sitographie : lorsque l’on exploite les documents trouvés pour un devoir, un travail ou pour les partager ailleurs, il est essentiel de toujours citer ses sources : on notera ses références (titre, auteur/éditeur, adresse URL, date de consultation) dans une « sitographie ». Titre, nom/prénom de l’auteur, « titre de la publication », adresse URL, date de publication ou de mise à jour (date de consultation).
Quelques conseils clés
- Savoir décrypter une adresse web d’après son URL.
- Chercher le ou les auteurs.
- Vérifier la fréquence de mise à jour.
- Comparer les sources.

Le phénomène de « filter bubble », quésaco ?
Dans la plupart des cas, les sites Internet se servent de nos données pour personnaliser le contenu que nous voyons. Les résultats de nos recherches d’informations vont alors dans le sens de ce que nous attendions, mais nous privent cruellement de diversité.
Grâce aux cookies, les moteurs de recherche, sites et réseaux sociaux accumulent une grande quantité de données qu’ils peuvent utiliser pour dresser le portrait de chaque internaute : ses centres d’intérêts, son degré de politisation, ses opinions religieuses, son âge, sa catégorie socio-professionnelle, son humeur du moment, ses contacts et la nature des relations qu’il entretient avec eux, etc. À l’aide d’algorithmes, ces sites peuvent ensuite personnaliser les résultats de la recherche d’information de façon à ce que ces derniers correspondent le plus possible à ce qu’ils supposent être attendu et préféré pour l’internaute. En apparence, cette pratique permet simplement de proposer à chacun un contenu plus proche de ses préférences.
Dans les faits, elle pose le problème de ce que l’on appelle le « filter bubble ». Nous sommes surtout exposé à des contenus qui sont conformes à nos opinions, chaque nouvelle recherche est biaisée par des recherches passées. De fait, l’internaute est pris dans une sorte de « bulle » qui « filtre » son accès au monde extérieur et détermine les informations auquel il a accès. Ainsi, lors d’une recherche dans Google, ce dernier ne vous propose pas le contenu que vous attendez mais uniquement le contenu qu’il estime pertinent pour vous, au détriement de millions d’autres pages potentiellement intéressantes. Facebook, Instagram et Tik-Tok font de même en ne montrant dans les fils d’actualités que les posts de nos amis ou de personnes ayant des centres d’intérêts et des opinions politiques semblables aux nôtres.
Le problème majeur avec cette utilisation de nos données est que les algorithmes empêchent le changement d’habitudes et l’ouverture à des points de vue différents : il s’agit donc d’une forme de désinformation.
Ne pas croire n’importe quoi ne veut pas dire se méfier de tout !
Sur Internet, tout le monde à les outils pour s’exprimer et donner sa version des faits. Sur certains sujets où le débat fait rage, il est parfois difficile de déterminer si une information tient de la connaissance (le savoir) ou de la croyance.
S’il est important de ne pas croire n’importe quoi, attention aussi à ne pas se méfier de tout ! Pour certains, il est valorisant de se sentir supérieur à tout le monde en réfutant tout ce qu’on entend et en inventant des manipulations et des complots partout. Le souci est que, sur les réseaux sociaux, ce sont généralement ceux qui parlent le plus que l’on entend davantage. Or les internautes n’ont pas forcément la motivation ni le temps de vérifier point par point ces avis fantaisistes.
Aussi, nous ne saurions que trop vous conseiller de ne pas trop vous fier aux adages et expressions du type « il n’y a pas de fumée sans feu », « on ne vous dit pas tout », « la vérité est ailleurs », « croyez-moi sur parole », « j’ai un ami qui travaille au ministère et qui m’a dit… », etc.

Si un parfait inconnu vous affirme que la Terre sera bientôt envahie par des hordes de démons cracheurs de feu, le croirez-vous ? Probablement pas. Et si un ami proche vous dit que les médias sont manipulés par une force satanique ? Vous n’y croirez sans doute pas non plus, mais… Et si, à chaque fois que vous chercher le nom d’un média vous tombez sur un article qui affirme que sa rédaction est sous influence sataniste ? Il est probable que vous commencerez à avoir des doutes. Et si une personne se présentant comme « observatrice des médias et experte du satanisme » vous recommande un média en particulier, au détriment de toutes les autres sources d’information disponibles sur le Web ? Là, il y a des chances que vous lui fassiez confiance, et ce même si vous ne connaissez pas cette personne…
Et c’est bien tout le problème ! Sur Internet, s’il est parfois facile de démêler le vrai du faux et si certains canulars, certaines fausses informations sont faciles à repérer, il est souvent difficile de connaître la « vérité » (encore faudrait-il qu’elle existe).
Certaines personnes utilisent un vocabulaire technique dans leurs articles et semblent s’y connaître, elles se présentent comme des « experts » sur leur profil, alors on est tenté de croire leurs propos. Certains individus se rapprochent de nous, et à force d’échanger avec eux sur des forums ou des groupes, nous finissons par leur faire confiance et les informations qu’ils nous donneront nous sembleront crédibles, même si elles ne le sont pas.
De plus, une simple supposition, une info non vérifiée peut être interprétée comme un fait et relayée par de nombreux médias : la rumeur court vite sur Internet. Des fake news peuvent être transmises et se diffuser partout sur la toile : en la trouvant partout, vous serez peut-être tenté de la croire véridique, sans chercher à la vérifier.
Car tout cela peut être faux. Le vocabulaire de untel, il l’a peut-être emprunté dans un livre ou dans un autre article de blog. Par ailleurs, rien ne l’empêche de mentir. La personne semble sûre d’elle et elle s’appuie sur des sources extérieures, mais ces sites peuvent être faits par elle-même ou par certains de ses associés. Un utilisateur nous paraît honnête, mais il peut être payé par une entreprise ou un parti politique pour promouvoir un produit ou une opinion. Une rumeur sert toujours les intérêts de quelqu’un.
Cependant, il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa : tout ce qu’on trouve sur Internet n’est pas faux, tout le monde n’est pas malintentionné, et on peut trouver quantité d’informations fiables et de personnes réellement spécialisées dans un domaine. Les questions que vous devrez vous poser avant de partager une information sont donc les suivantes : comment vérifier que ce qu’on nous dit est vrai ? Comment savoir que l’information trouvée est correcte et qu’il ne s’agit pas d’une intox ?
Quelques conseils clés
- Pensez à croiser systématiquement les sources : consultez d’autres sites parlant du même sujet, et cherchez même des sites ayant des propos à l’opposé. Le doute constructif est essentiel.
- S’il y a des chiffres, demandez-vous d’où ils sortent : si un produit affiche 99% d’efficacité mais que l’enquête a été réalisée par l’entreprise qui le commercialise, il va de soi que l’on peut remettre en cause ce pourcentage.
- Si deux internautes s’échauffent en débattant d’un sujet et commencent à s’insulter ou à se lancer des attaques personnelles, ne participez pas et méfiez-vous de leur propos.
- Demandez-vous qui a intérêt à ce qu’une rumeur se propage (un parti politique peut-être ?). Et si une info vous paraît peu fiable, ne la partagez pas ou ne la commentez pas, même pour dire qu’elle est fausse : vous ne feriez qu’alimenter la rumeur, voire de vous attirer les foudres d’internautes qui préfèreront vous insulter plutôt que de se remettre en question.
- Gardez toujours l’esprit critique : n’hésitez pas à vous poser des questions et à poser des questions à vos professeurs si vous avez des doutes.
Une infographie pour déjouer les théories du complot
D’après une idée originale de OnTeManipule, le Détecteur de théorie du complot a été réalisée à destination des jeunes, afin de leur apprendre à reconnaître une théorie complotiste lorsqu’elle se présente à eux, et pour adopter les bons réflexes afin de conserver son sens critique et prendre du recul par rapport aux fausses informations qui circulent sur le Web.

Pour aller plus loin
Un livre que nous vous conseillons : La démocratie des crédules, de Gérald Bronner, (Éditions PUF, 2013). Et pour s’informer sans s’exposer aux fake news, nous vous recommandons de consulter la rubrique « Ressources éducatives » ou vous trouverez plein d’autres outils et liens utiles pour apprendre aux jeunes à prendre l’information avec des pincettes, à vérifier les sources et profiter d’une information de qualité.
Sources : nous ont aidé pour la rédaction de cet article les ressources pédagogiques des sites Internet Sans Crainte, FamiliScope, Signes de Sens, 4teens, Jenseigne, Cortecs, ainsi que le Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Presses universitaires de Grenoble, 1987), le Petit cours d’auto-défense intellectuelle (Normand Baillargeon, Lux Éditeur, 2005), le Manuel d’autodéfense intellectuelle de Sophie Mazet (Robert Laffon, 2015), le guide Internet ça s’apprend de la FCPE (2015) et le Détecteur de Théorie du complot de OnTeManipule.fr (2016).