L’antisémitisme viole les droits fondamentaux, en particulier le droit à la dignité humaine, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Malgré cela, les cicatrices et les stigmates profondes de l’antisémitisme rejoignent les codes du complotisme, les deux accusant tour-à-tour le « système judéo-servile », le « lobby Juif » ou la « kabbale » d’être à l’origine des pires maux de notre monde. Du « qui ? » des antivax à l’idéologie QAnon, un article pour analyser les marqueurs de la convergence entre antisémitisme et complotisme.

« Qui ? », le cas Cassandre Fristot

En octobre 2021, Cassandre Fristot, une enseignante et ancienne candidate aux législatives de 2012 sous l’étiquette RN/FN, a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis pour « incitation à la haine raciale » en raison d’une pancarte qu’elle avait brandie lors d’une manifestation anti-passe sanitaire à Metz. La pancarte en question comportait l’interrogation « Qui ? », dont le tribunal a reconnu le caractère antisémite. Cette interrogation, faussement innocente, est en réalité une variante de la théorie du « complot Juif ». Elle utilise le procédé de l’ellipse pour accuser les Juifs sans les nommer directement. Cette condamnation intervient dans un contexte où les formes hostiles contre les juifs, les discours et les actes antisémites sont en augmentation en France et dans le monde, comme l’ont souligné plusieurs organisations internationales, telles que le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. « Nous assistons à la résurgence d’une extrême droite identitaire virulente qui n’hésite plus à passer à l’acte » commentait Frédéric Potier, ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).

Je le dis, je le répète sans ambages : nous sommes dans un pays de candaules* judéoserviles. »

Participante à une manifestation anti-vaccin (11 septembre 2021).

Le supposé « complot juif » et la crise sanitaire

Dans une fraction de la contestation contre les mesures sanitaires, nous retrouvions l’idée d’une « dictature sanitaire » dont les instigateurs auraient été des personnes de confession juive et d’autres « collaborateurs complices ». Tout individu qui lutte aujourd’hui contre le complotisme se voit reprocher, un jour ou l’autre, de supposés liens avec « une élite juive ». Ainsi, dans un article des DéQodeurs daté de septembre 2022 — que nous nous abstenons volontairement de citer — le partisan conspirateur du mouvement QAnon francophone Léonard Sojli (voir le portrait qui lui est consacré en fin d’article, rubrique « Enrichissons nos connaissances ») nous accusait d’être financés par un « complot occulte d’obédience judéo-maçonnique », allant jusqu’à prétendre que le « deep state » [l’État profond, un mythe cher aux conspirationnistes – ndla] était à l’œuvre derrière la publication du site La Bibliothèque vigilante. Rien de moins !

Dans les faits, les complotistes sont souvent influencés par des mécanismes paranoïaques et des passions dévorantes qui ont été étudiés par les historiens. En effet, une partie non négligeable de nos croyances repose sur des mécanismes automatiques non conscients (voir Assocations implicites, dans notre Codex des Biais cognitifs). Ainsi, l’individu qui ne dispose pas d’une parfaite conscience de ses croyances nourrit, sans le savoir, des associations d’idées, ce qu’on peut appeler également des stéréotypes. Pour qu’une théorie du complot soit efficace, elle doit donc être vicieuse, ingénieuse et compréhensible par un large public. Elle ne doit pas aller à l’encontre des fantasmes populaires pour rallier ses adeptes. Or depuis longtemps, « le juif » est souvent présenté comme le comploteur dégoûtant agissant dans l’ombre pour remplir ce rôle.

Les antisémites et la guerre en Ukraine

De même, dans le discours suprémaciste qui entoure les débats complotistes au sujet de la guerre en Ukraine, le thème des supposés « marionnettistes juifs » est encore à l’honneur. Tout part de cette idée que le président Ukrainien Volodymyr Zelensky serait juif, ou que les oligarques russes le seraient aussi — ce qui est une supposition. Il s’agirait donc, pour une frange non négligeable des adeptes de ces théories complotistes, la preuve d’une « guerre fratricide » initiée par une « conspiration juive ». Par ailleurs, certains messages postés sur des canaux Telegram ou sur des comptes Twitter connus pour leurs prises de positions idéologiques extrêmes évoquent « une guerre de zog ». Pour information, « zog » est un acronyme anglophone qui signifie « zionist occupation government », littéralement « un gouvernement d’occupation sioniste ». En d’autres termes, une « conspiration du pouvoir juif ». Ailleurs, on pouvait récemment lire les propos suivants : « cette invasion entraîne la mort d’Européens blancs, à la demande des oligarques juifs russes ».

Il apparaît évident que la désinformation et la haine du peuple Juif semble avoir « explosé » sur Internet depuis le début du conflit, aggravant le processus déjà enclenché par la pandémie de Covid-19 (cf. le rapport 2022 de l’Agence Européenne des Droits fondamentaux). « Les risques de faux récits alimentent l’antisémitisme, alors que la Russie a justifié sa guerre en utilisant de manière abusive des termes tels que celui de “nazis” pour qualifier le gouvernement en Ukraine » estime l’Agence Européenne (FRA).

Dans le contexte de l’invasion Russe et de la crise de coronavirus, les communautés juives à travers l’Europe ont été profondément affectées. Rappelons cette citation fallacieuse de Jean-Jacques Crèvecœur, figure du mouvement covido-complotiste qui évoquait un livre connu de la littérature complotiste antisémite : « cette guilde de joailliers, dont est issue Rothschild […] a conspirée pour fabriquer de toutes pièces la Révolution française, la révolution Russe de 1917, dans le but d’appauvrir les nations. » Jean-Jacques Crèvecœur fait aujourd’hui l’objet de surveillance dans plusieurs pays et son nom apparaît 5 fois, en France, dans un rapport du Sénat sur les dérives sectaires dans le domaine de la santé. Mais il continue de se poser en martyr, affirmant qu’il a accepté « la possibilité de [se] faire tuer par l’État profond, qui élimine les chercheurs de Vérité ».

Nous avons là une réactivation d’antiques références qui trouvent une nouvelle jeunesse auprès d’une audience réfractaire aux discours officiels et plutôt sensible aux questions de santé, de politique et de géopolitique.

Le mythe des Rothschild

Le mythe des Rothschild, dépeint en une figure répulsive sensée « tirer les ficelles du monde » remonte à la première moitié du XIXe siècle, au point que les nazis en feront un film de propagande en 1940. L’idée d’une causalité diabolique puise sa source dans ces mythes archaïques antisémites. Au-delà du phénomène covidosceptique, rappelons à juste titre qu’il y a eu, dès les premiers mois de la crise sanitaire, des accusations antisémites. Notamment avec Dieudonné qui, dès le mois de mars 2020, accusait les Rothschild d’être à l’origine du virus.

Cela continuera avec les mises en accusation de Georges Soros, de Jacques Attali ou d’Agnès Buzyn, cette dernière étant même accusée d’être une « empoisonneuse de puits » par une certaine presse alternative complotiste dont nous tairons le nom. Cette ignoble calomnie fait référence à un grief du Moyen-Âge où les personnes de confession juive furent accusées d’être à l’origine de la Grande Peste qui ravagea l’Europe au XIVe siècle.

« Lépreux et juifs étaient alors accusés d’avoir empoisonné les puits et les fleuves », rappelle dans une communication Franck Collard, professeur d’histoire à l’université Paris-X Nanterre et spécialiste du crime de poison au Moyen-Âge. À l’origine de cette accusation infamante, explique-t-il, la rude famine de 1315-1317, suivie de nouveaux impôts royaux, qui montent la population contre ceux qui apparaissent comme des privilégiés. En 1321, les lépreux, qui vivent de généreuses aumônes dans de riches abbayes, sont accusés de fomenter l’empoisonnement des chrétiens. De leur côté, la communauté juive, qui après des années de discriminations et d’expropriations a été autorisée à revenir dans le royaume de France, notamment pour exercer le métier de prêteurs, est soupçonnée d’avoir soudoyé les lépreux pour répandre la lèpre par « diablerie ». Alors, quand, en 1348, la France est frappée par la peste, c’est vers ces deux minorités que pointent à nouveau les accusations.

« La logique, c’est la recherche d’une explication à une situation inexplicable. On ramène l’inconnu au connu, et la pandémie effroyable aux événements de 1321, comme si le complot des juifs et des lépreux entrait enfin en acte », décrypte M. Collard. À cette époque, de nombreuses communautés juives furent persécutées et exterminées lors de pogroms, sur la seule base de ces accusations. Les historiens s’accordent au chiffre d’environ 50 000 victimes de ces atrocités pour toute l’Europe. Ajoutons que ces noms, Rothschild, Attali, Schwob, Soros ou Buzyn se sont aussi retrouvés sur la pancarte de Cassandre Fristot…

QAnon, organisation complotiste aux racines antisémites

Lorsque l’on pénètre dans les errances du phénomène complotiste QAnon, on retrouve derrière la mise en accusation du « deep state » [le fumeux « état profond » – ndla], une organisation encore plus secrète appelée « la cabale ». Or c’est une référence évidente à l’histoire des communautés juives. Une autre croyance véhiculée par ce mouvement est celle d’enlèvements supposés d’enfants pour alimenter un « réseau pédocriminel sataniste » créé par nos élites. Ce fantasme réapparaît régulièrement, alimenté par de nombreuses figures de la complosphère, tel le pseudo-journaliste Karl Zéro qui a fait de la lutte contre ces hypothétiques réseaux criminels son fonds de commerce.

Autre rumeur fantasque et clé-de-voûte de la logique QAnon : cette « caste juive » qui prélèverait aux enfants de l’adénochrome, une enzyme supposée rendre immortelle… les Illuminati ! (Voir l’article de Brian Friedberg, « The Dark Virality of a Hollywood Blood-Harvesting Conspiracy », paru sur Wired le 31 juillet 2020). Nous ne pouvons ne pas penser à cette accusation de meurtre rituel à l’encontre du peuple Juif, « alidat dam », ou « accusation de sang », une allégation anti-juive et antisémite selon laquelle les Juifs assassineraient des enfants non-juifs à des fins rituelles. Cette diffamation terrible et mensongère demeure l’une des plus anciennes croyances antisémites européennes, le carburant des pogroms et, in fine, de l’Holocauste.

Il est intéressant — et fort inquiétant — de constater qu’après avoir été expulsé de toutes les plateformes sociales grand-public, le dernier bastion QAnon s’est réunit sur Telegram pour devenir le centre névralgique des discours négationnistes parmi les plus virulents du web. Ce mouvement complotiste a donc retiré son masque de pseudo respectabilité pour révéler son vrai visage, sa matrice profonde : l’antisémitisme. De même sur le site des DéQodeurs ou dans les forums d’Une Nouvelle Cité, où les discours conspirationnistes s’accompagnent régulièrement d’un bavardage aux relents antisémites.

Mouvance si vaste et changeante qu’elle ne peut être décrite avec justesse, le complotisme antisémite n’en demeure pas moins un ennemi mortel pour nos sociétés contemporaines et la stabilité parfois fragile de nos démocraties. Si les relents antisémites plaisent tant aux complotistes, c’est parce que l’Europe demeure, malgré son Histoire, un continent au sein duquel la haine des Juifs est vivante et tenace, voire entretenue par des personnalités publiques. Pourtant décrite comme une « secte nazie » par le directeur de Genocide Watch, c’est une des raisons pour laquelle la « vérité » des QAnon a pu ainsi prospérer au-delà des États-Unis, entretenue par des polémistes, tels Alain Soral ou Dieudonné qui ont « porté », depuis les années 90, le retour de l’antisémitisme en France.

Les marqueurs de la confluence entre antisémitisme et complotisme

Référence incontournable et commune aux complotistes, « les Protocoles des Sages de Sion » est un faux document, écrit au tout début du XXe siècle. Il semble avoir eu un début de succès après les révolutions russes de 1917. Diffusé dans des proportions comparables à celle de la Bible, cet ouvrage a connu de multiples éditions, dont la plus importante reste celle utilisée par la propagande du IIIe Reich. C’est d’ailleurs l’un des rares ouvrages auquel Hitler faisait référence dans Mein Kampf. Or, nous avons la preuve indiscutable, depuis 1921, que ce livre est un faux grossier. Il s’agit en réalité du plagiat d’un brûlot anti-bonapartiste du XIXe siècle, réécrit pour le faire coïncider avec des thèses antisémites.

Le chapitre X des « protocoles » faisant référence à des épidémies provoquées par les communautés juives, il n’en fallait pas plus pour que les conspirationnistes coronasceptiques s’empressent d’affirmer que la pandémie de Covid-19 faisait partie d’un « plan » diabolique orchestré par une élite juive.

Depuis très longtemps, d’autres marqueurs de cette confluence entre complotisme et antisémitisme apparaissent dans l’Histoire. L’antimaçonnisme notamment, avec la résurgence du « complot judéo-maçonnique ». Dès le début du XXIe siècle, on retrouvait aussi l’idée du « complot judéo-bolchévique » qui affirmait que la fin du tsarisme en Russie et le début de la révolution bolchévique auraient été dirigés par les Juifs. Pareillement, sur les grands thèmes complotistes de ces dernières années, nous retrouvons la remise en question de la version officielle des attentats du 11 septembre 2001, attribués illusoirement au Mossad [les services secrets Israéliens – ndla] ou à une « cabale juive ». Suppositions grotesques que l’on a pu redécouvrir en 2015 après les attentats terroristes perpétrés par l’État islamique.

Attardons-nous sur le thème du « Grand remplacement » [White replacement aux USA – ndla], cher à l’extrême droite identitaire et réactionnaire. Ce mythe véhicule aussi un message antisémite, où le « wokisme », la « cancel culture » et le « remplacement de la culture chrétienne » seraient orchestrés par des élites de confession juive, par le Mossad, des sionistes « cosmopolites » ou les mondialistes. Quelque soit le nom qui leur ait donné, il est toujours question d’une société secrète qui tire les ficelles dans l’ombre et dont l’objectif, inavoué, serait la destruction des nations, de nos traditions et de notre culture. Des théories nébuleuses, mais toujours entachées du préjugé antisémite.

Le négationnisme est-il complotiste ?

Tel que formulé par deux de ses plus influents promoteurs, Robert Faurisson (1929-2018) et le militant néonazi français Vincent Reynouard, le négationnisme est clairement un complotisme auquel il emprunte tous les codes du langage. Entre autres absurdités nauséabondes, Robert Faurisson, dès la fin des années 70, affirmait qu’Hitler n’avait tué aucun juifs (sic). Entré en contact épistolaire avec Paul Rassinier [fondateur du « Mouvement négationniste », lequel nie l’existence de la Shoah – ndla] de 1964 à 1967, il signera dix ans plus tard une tribune paranoïaque insensée dans Le Monde du 29 décembre 1978. Dans ce pamphlet intitulé « Le Problème des chambres à gaz ou la rumeur d’Auschwitz », Faurisson affirme que les chambres à gaz n’ont jamais existé et que les 6 millions de juifs morts l’ont été à cause du typhus, ajoutant que l’histoire enseignée n’est qu’une « escroquerie politico-financière de l’État d’Israël ».

Se réclamant de Robert Faurisson, du militant négationniste Alain Guionnet ou d’Olivier Mathieu, le « faussaire d’histoire » Vincent Reynouard, catholique intégriste et fervent défenseur de l’Allemagne nazie, reprendra plus tard les thèses de ses mentors au travers de plusieurs sites et blogs antisémites dans lesquels il accusera les autorités de mentir au sujet des crimes, des atrocités et des génocides des nazis. Il sera bientôt rejoint par Alain Soral, Dieudonné M’bala M’bala, Salim Laïbi, Farida Belghoul et bien d’autres figures de la désinfosphère fascisante française, laquelle compte dans ses rangs de nombreux nostalgiques du IIIe Reich.

Cette mouvance négationniste, malgré tout très minoritaire en France, est intrinsèquement liée aux mouvements complotistes ou à certaines communautés religieuses intégristes, comme c’est le cas de Civitas par exemple. Ainsi, « tout complotisme n’est pas négationniste mais tout négationnisme est complotiste » rappelait Tristan Mendès-France au micro de Pauline Pennanec’h sur France info le 29 octobre 2021. On retrouve également cette notion de « complot du silence » dans le négationnisme, d’où son extrême porosité avec les théories complotistes. Et vice-versa.

L’antisémitisme est un complotisme

La notion de complotisme et d’antisémitisme sont souvent confondues, mais il est important de les dissocier car les Juifs ne sont pas les seuls boucs-émissaires des théories du complot. En effet, de nombreuses autres « communautés » ont été visées par des théories complotistes telles que les francs-maçons, les Illuminati ou encore les reptiliens. Cependant, il est indéniable que le complotisme est un terreau fertile pour l’antisémitisme. En effet, l’antisémitisme est souvent basé sur des théories du complot qui présentent les Juifs comme les responsables de tous les maux de la société. Les Juifs sont accusés de chercher à dominer le monde en secret, de contrôler les gouvernements et les médias, d’être responsables des crises économiques et de fomenter des guerres. Et c’est justement cette effervescence antisémite qui sert d’incubateur à de multiples autres théories complotistes, lesquelles conduisent à de nombreux actes d’antisémitisme au fil des siècles, tels que les pogroms, l’Holocauste ou certains attentats terroristes. En outre, l’antisémitisme alimente également d’autres théories du complot, telles que la théorie du « grand remplacement » ou la théorie du « complot juif mondial ».

En conséquence, quelque soit le complotisme dont il est question, que ce dernier soit lié à des alternatives de santé ou à un conflit géopolitique, il existe toujours une probabilité assez élevée de voir s’y développer un discours antisémite. Pourquoi cet engouement pour des thèses aussi putrides ? Parce que quiconque se persuade que des « puissances occultes » lui mentent, que s’il y a une coordination entre les états — contre un virus mondial ou pour soutenir l’Ukraine — c’est parce que quelqu’un « tire les ficelles ». Or s’il se nourrit de ces situations, son imaginaire aura malheureusement tendance à dévier vers des réquisitoires antisémites.

Ainsi, le complotisme doit être considéré pour ce qu’il est, c’est-à-dire une réaction du peuple qui se manifeste par la confusion, avec des relents haineux, un populisme exacerbé et un antisémitisme sous-jacent qui sommeille, prêt à se réveiller à tout instant. Pour les adeptes de ces doctrines fallacieuses, il y a cette sensation de retrouver un sentiment de contrôle, d’autonomie et d’une pensée unique et partagée au sein d’une même communauté. Les complotistes ont l’impression qu’ils peuvent enfin atteindre ces « élites intouchables », ces « états profonds » et ces « cabales occultes », un peu comme les carnavaliers du Moyen-Âge qui brûlaient des effigies de leurs monarques pour exprimer leur frustration. Bien que ces théories soient toujours imprégnées de sophismes nauséabonds, elles offrent néanmoins la promesse à leurs partisans que tout va s’arranger et que le « bien » triomphera du « mal ». Ce qui explique peut-être, en partie, la raison de leur succès planétaire.

Il est donc primordial de combattre le complotisme et l’antisémitisme, ainsi que toutes les formes de discrimination, en promouvant la tolérance, la compréhension et le respect mutuel entre toutes les communautés. Il est également crucial d’encourager le débat et le dialogue pour contrecarrer les théories du complot et les préjugés. En somme, la lutte contre le complotisme et l’antisémitisme doit être un effort collectif de la société tout entière.


Complorama

Dans cet épisode de Complorama, le podcast France Info du 29 octobre 2021, Rudy Reichstadt, directeur de l’Observatoire du conspirationnisme et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de Conspiracy Watch, examinent les théories du complot qui ont émergé pendant la pandémie et analysent les relations entre le complotisme et l’antisémitisme.

Antisémitisme et complotisme, une longue histoire (Complorama, France info, oct. 2021).

Genocide Watch

L’objectif de Genocide Watch est de prédire, prévenir, arrêter et punir les génocides et les massacres, ainsi que de sensibiliser les politiques publiques à leur sujet. L’organisation vise à bâtir un mouvement international pour stopper ces atrocités. Elle s’intéresse également aux meurtres politiques de masse, aux viols collectifs et à d’autres actes génocidaires. En outre, Genocide Watch coordonne l’Alliance contre le génocide (AAG), une coalition internationale d’organisations visant à promouvoir les droits humains. L’AAG a pour mission d’informer le public et les décideurs politiques sur les causes, les processus et les signes avant-coureurs des génocides, de créer les institutions nécessaires pour les prévenir et les stopper, et de traduire les auteurs de ces crimes en justice.

Fondapol

Au cours de l’année 2021, il y a eu une recrudescence d’incidents antisémites, allant du port de symboles tels que l’étoile jaune par des manifestants opposés au passe sanitaire, à l’utilisation du pronom « qui » pour dénoncer une prétendue mainmise juive sur les médias occidentaux. Certains partisans des théories du complot ont même évoqué la notion de « complot juif » pour expliquer la pandémie de coronavirus. Quel est le niveau de préjugés envers les Juifs dans la société française aujourd’hui ? La pandémie a-t-elle entraîné une augmentation de l’antisémitisme dans l’opinion publique ? Quelle est l’attitude des Français à l’égard de ce phénomène ? Dans quelle mesure les Juifs français sont-ils préoccupés par les violences dont ils sont victimes ? De quelle manière ces violences se manifestent-elles ?

C’est pour répondre à ces questions légitimes et pour tenter d’apporter de nouveaux éclairages sur l’antisémitisme que la Fondation pour l’Innovation Politique (Fondapol) a développé un dispositif d’enquête exceptionnel. Lire leur « Radiographie de l’antisémitisme en France – édition 2022 » :

Candaule

Selon le sociolecte de l’extrême-droite, un candaule est une personne qui défend des valeurs de mixité des cultures et des origines dans une même société. Le terme est profondément péjoratif et fait référence à une pratique sexuelle relative à la polygamie. Il a été popularisé par Henry de Lesquen, cofondateur du think tank d’extrême droite Le Club de l’Horloge. Les identitaires utilisent aussi le terme « cosmopolite » pour dénigrer toute personne qui défend des valeurs d’égalité.

Leonard Sojli

Propagandiste QAnon résidant à Erschmatt, dans le canton de Valais (Suisse). Individu central de la mouvance francophone négationniste antisémite de Suisse romande, co-réalisateur historique de la chaîne YouTube Thinkerview pour laquelle il a réalisé plusieurs montages audio. Il est aussi le fondateur des « Albanais de France », une association enregistrée à la même adresse que Thinkerview. Il est intéressant de noter que son premier blog, J’ai un doute est par ailleurs hébergé par la société Dipix, dont le propriétaire n’est autre que Pierre-Yves Minier, l’un des membres les plus influents de Thinkerview. Léonard Sojli est convaincu que le plan secret de « l’État profond » est d’établir un gouvernement mondial dirigé par le milliardaire hongro-américain George Soros, la famille Rothschild et les Saoudiens. Farouchement opposé au mouvement social Black Lives Matter, Sojli témoigne d’une haine viscérale envers les antifascistes qu’il croit financés par Soros. Proche de personnalités réactionnaires politisées à l’extrême droite, comme Dieudonné, Ema Krusi, Cholé Frammery, Isabelle Hunziker ou encore François de Siebenthal, Léonard Sojli n’a rien du « simple citoyen aux interrogations légitimes » comme certains « médias » de désinformation le laissent supposer. Cet individu et ses partisans sont, sans aucun doute possible, de véritables fascistes cherchant à répandre des théories sinistres à l’antisémitisme indiscutable.