En 2022, il nous apparaît affligeant que des pseudo-thérapeutes, des gourous et des charlatans surfent encore sur la vague de l’idéologie New Age, de la « pleine conscience » ou des « pratiques de soins non conventionnelles ». Si certains d’entre eux ne se revendiquent nullement médecins, une bonne part de dérapeuthes use de pratiques médicales dangereuses ; et pour le savoir en général, et pour le bien-être psychologique ou physiologique de leurs patients.
FakeMed, un risque majeur pour les personnes en quête de soins efficaces
Nul n’est à l’abri d’une erreur de jugement, d’être crédule vis-à-vis de propositions de soins douteux et qui manquent de fondements scientifiques, ou qui n’ont jamais pu convaincre de leur efficacité. Lorsqu’une personne en position d’autorité réelle ou supposée (médecins, professeurs, amis proches) fait une recommandation, nous supposons souvent qu’elle maîtrise son sujet. Or il arrive que des individus ayant un pouvoir ou un statut élevé commettent des erreurs, voire qu’elles aient des intentions malhonnêtes.
Nous avons tous tendance à surestimer nos capacités. Dès lors qu’un domaine nous est inconnu, il devient difficile — voire impossible — d’en évaluer l’étendue ainsi que ses frontières. Surestimer les savoirs ou les connaissances d’un « thérapeute » peut empêcher un malade de poser des questions qui permettraient de recevoir des réponses utiles ou des soins adéquats. Pourtant, le simple fait de rejeter des informations reconnues (parce que le message douteux semble plus facile à comprendre ou plus important) est un risque majeur pour toute personne en quête de soins médicaux de qualité.
Différences entre médecine « conventionnelle » et « médecine naturelle »
La médecine dite « conventionnelle » s’appuie sur des traitements qui ont obtenu une reconnaissance scientifique, soit par des diagnostics cliniques, soit parce qu’ils tirent avantage d’un consensus fort obtenu avec l’accord et l’expérience de la majorité des professionnels de la discipline concernée. Dans une grande partie des cas, les pratiques de soins « non conventionnelles » ou les « médecines naturelles » — ce qui pourrait être compris, à tort, comme « sans effets secondaires » — n’ont pas fait l’objet d’études objectives ou scientifiques démontrant leurs effets, leur efficacité et, surtout, leur non-dangerosité.
Parfois appelées « médecines alternatives », « médecines complémentaires », « médecines naturelles », ou encore « thérapies douces », ces pratiques sont diverses, tant par les techniques qu’elles emploient que par les fondations théoriques qu’elles invoquent, produisant la plupart du temps un galimatias pseudo-scientifique : kinésiologie, dento Reiki, chiropraxie, méditation, hypnose, mésothérapie, biologie totale, lipolyse, acupuncture, moxibustion, homéopathie, biorésonance, phytothérapie, thérapie nutritionnelle, réflexologie, naturopathie, aromathérapie, hypnothérapie, médecine quantique, médecine énergétique, thermalisme psychiatrique, jeûne thérapeutique, massages, qi gong, tai-chi-chuan, shiatsu, Reiki, Access bars, astrologie, amaroli (urinothérapie), auriculothérapie, thérapie florale de Bach, biorésonance, biokinergie, chirurgie psychique, magnétisme animal, imposition des mains, crudivorisme, dentisterie holistique, étiopathie, feng shui, lithothérapie, yoga du rire, musicothérapie, respirianisme, ruqiya, spagirie, sylvothérapie, thérapie énergique, ayurvéda, etc.
L’effet Dunning-Kruger, ce biais cognitif qui nuit à la pensée rationnelle
Ce phénomène, qui tire son nom des travaux des psychologues Justin Kruger et David Dunning, conduit les personnes les moins qualifiées dans un domaine à surévaluer leurs savoirs et les personnes les plus compétentes à déprécier leurs qualités. Ce biais cognitif, très utilisé par les personnes dont l’objectif est de manipuler mentalement un sujet, est aussi le ferment de certaines thérapies « alternatives ». La mécanique de la pensée vous intéresse ? Consultez notre Codex des biais cognitifs pour apprendre à les identifier et à vous en prémunir.
L’exercice de la médecine est réservé aux seuls médecins
Ceux-ci doivent être inscrits au Conseil de l’Ordre des médecins. Quiconque le souhaite peut vérifier cette inscription sur le site du Conseil national de l’Ordre des médecins. Les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes exercent une profession médicale à compétence relative. Ils sont inscrits auprès de leurs Ordres respectifs (article L.4111-1 et L.4112-1 du code de la santé publique). Toute personne qui, sans être médecin — ou hors de leur sphère de compétences pour les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les biologistes médicaux — prend part à l’établissement d’un diagnostic ou d’un traitement de maladies, réelles ou supposées, par acte personnel, consultations verbales ou écrites, exerce illégalement la médecine.
Matériel pour lutter contre les pseudosciences et les pseudo-médecines
Au regard de la prolifération de pseudo-médecins, de thérapies farfelues et de la propagande qui en est faite, la Bibliothèque Vigilante vous propose cette planche de 12 autocollants anti-FakeMed (PDF, format A4 – 475 Ko). Nous vous enjoignions à les imprimer, les découper et les coller là où vous percevez un risque de dérive sectaire ou de Fake Médecine. Vous pouvez aussi les disposer en évidence chez votre médecin, les épingler sur le tableau des « petites annonces » de votre épicerie Bio préférée, ou bien les distribuer dans n’importe quel lieu susceptible de recevoir un public réceptif aux médecines alternatives (salons bien-être, centre de formation, dans la salle d’attente d’un coach en développement personnel, glissés entre les cartes de visite d’un dérapeuthe ou d’un médium, etc.).
Quelques précautions d’usage
Attention toutefois à ne pas accuser à tort de vrais médecins, ni des personnes qui proposent des soins non thérapeutiques dans le respect de la législation (c’est-à-dire sans établir de diagnostic ou de traitements de maladies). Car si vous avez le droit de juger quelqu’un sur les actes qu’il commet, lorsqu’ils sont répréhensibles, nous vous recommandons de ne pas le faire sur la simple base de ses intentions, exprimées ou supposées, tant qu’il n’est pas passé à l’acte ou que vous n’avez pas été témoin d’une action coupable de sa part. En effet, tout comme il est illégal d’exercer la médecine si l’on n’est pas médecin, la diffamation et la calomnie sont aussi légalement condamnables.
Enfin, dans l’hypothèse où vous vous retrouveriez en présence d’une personne peu encline à la remise en cause, nous ne pouvons que vous encourager à demeurer bienveillant en toute circonstance, et de toujours préférer le dialogue argumenté plutôt que la confrontation directe.
Nota bene
La Bibliothèque Vigilante met à disposition ce matériel dans le seul objectif de mettre en garde contre d’éventuelles dérives thérapeutiques. Elle ne saurait être tenue pour responsable de l’usage que les personnes choisissent d’en faire.